Titres

Le Titres du premier prince de Béthune figure sur les lettres de chevalerie

Début du brevet du Roi Louis XVIII créant Chevalier de l’Ordre Militaire de Saint-Louis « notre très cher et amé Cousin » le 1er Prince de Béthune Hesdigneul (1815)

Titres contemporains

 

Prince de Béthune Hesdigneul

 

Le titre de prince fut octroyé en 1781 par l’Empereur Joseph II, en tant que Souverain des Pays-Bas autrichiens, au Marquis Eugène François Léon de Béthune Hesdigneul. Ce titre est héréditaire, plus précisément transmissible par primogéniture, c’est-à-dire d’aîné en aîné, y compris les filles en cas d’extinction des mâles.

Le port de ce titre héréditaire a été autorisé en France par le Roi Louis XVI encore en 1781. Ce titre fut enregistré en 1782 par l’Élection d’Artois, par quoi il est devenu également un titre français héréditaire [1]. Ce dernier diplôme a dès lors pu être utilisé comme preuve du principe de noblesse française, ou « acte recognitif », pour l’adhésion de la ligne d’Hesdigneul à l’Association de la Noblesse Française (ANF).

En Belgique, le titre de Prince de Béthune Hesdigneul a été reconnu en 1888 par le Roi Léopold II,  en 1932 par le Roi Albert Ier puis définitivement le 29 novembre 2024 par le Roi Philippe. Étant donné le statut légal de la noblesse en Belgique, cette reconnaissance est juridiquement une concession nouvelle de sorte qu’il s’agit d’un troisième titre de prince, dans la noblesse du Royaume de Belgique.

Par erreur, ce titre a été dit, surtout au XIXe siècle, « Prince du Saint-Empire » suite à une méconnaissance des arcanes juridico-administratives créées par la répartition des compétences entre la chancellerie de Vienne et celle de Bruxelles au XVIIIe dans les Pays-Bas autrichiens.

Marquis d’Hesdigneul et Marquis de Béthune Hesdigneul

Le titre de Marquis d’Hesdigneul est porté par le chef de nom et d’armes depuis 1671. Il n’y a jamais eu d’érection régulière d’Hesdigneul en marquisat ; ce n’était pas obligatoire pour porter ce titre héréditairement même dans les documents les plus officiels en France, ainsi qu’on le constate d’ailleurs dans d’innombrables autres cas. L’Élection d’Artois a pris acte en 1771 de la régularité du port centenaire de ce titre. Ce titre fait toujours partie de la titulature du chef de nom et d’armes.

Le fils aîné du chef de nom et d’armes porte le titre de Marquis de Béthune Hesdigneul. Cette pratique s’est imposée en France au XVIIIe siècle et a été reconnue officiellement dans les Pays-Bas autrichiens en 1777 en faveur du Marquis Eugène de Béthune Hesdigneul alors que vivait toujours son père, Joseph Marquis de Béthune et d’Hesdigneul. Cette pratique s’est maintenue en France également au XIXe siècle et par la suite.

En outre, la pratique familiale du XVIIIe siècle a étendu le port de ce titre à l’aîné de chaque génération du vivant de ses prédécesseurs, donc du vivant de leurs père et grand-père. Le prénom de ces autres titulaires suit la mention du titre ; dans le cas du fils héritier, le prénom précède le titre. Il n’y aurait aucune raison de ne pas poursuivre ainsi avec l’arrière-petit-fils aîné au cas où quatre générations seraient vivantes en même temps (et de même au-delà).

Cette transmission n’a pas de rapport avec l’habitude française, le plus souvent excessive, de la «déclinaison des titres» créée au XIXe siècle par la Restauration pour les Pairs de France exclusivement. Cette formule fut abrogée officiellement en ce qui concerne de nouveaux octrois lors de la suppression des pairies elles-mêmes par la Monarchie de Juillet.

 

Comte de Béthune Hesdigneul

C’est au départ un titre de courtoisie français adopté sous l’Ancien Régime. Il a été largement utilisé alors. Il a continué à être porté au XIXe siècle par de très nombreux membres de la Maison de Béthune. Cette pratique a été renforcée par le fait que la seconde ligne a reçu en 1816 l’autorisation officielle de s’appeler Béthune Sully, en tant que Comtes de Béthune Sully. Il s’agit ainsi d’un titre français qui revient depuis lors à tous les mâles de la Maison de Béthune, dans des conditions très favorables au regard des pratiques actuelles de la noblesse française en matière de titres.

Ce titre est également un titre néerlandais, octroyé en 1816 par le Roi des Pays-Bas, au début de la constitution de ce puissant Royaume créé par le Traîté de Vienne en 1815.

En raison de la division de ce Royaume suite à la Révolution belge de 1830, ce titre est devenu belge et a été octroyé plusieurs fois par le Roi des Belges à des chefs de branche.

 

Autres titres

Le titre de duc de Béthune Hesdigneul, plus précisément celui de duc-pair de la Restauration, a été octroyé par le Roi Louis XVIII dans une ordonnance de 1818 qui autorisait le premier Prince de Béthune, et après lui chacun de ses cinq fils successivement, à fonder un majorat de duc-pair. Une lecture erronée de cette ordonnance par divers auteurs, en principe autorisés, a fait imaginer, en particulier par ignorance du contexte légal précis de cette décision royale, qu’il s’agissait d’une officialisation du titre de prince, laquelle avait déjà eu lieu sous l’Ancien Régime. Le délai extrêmement large pour constituer ledit majorat n’a pas été respecté indépendamment de la volonté des bénéficiaires car la pairie a été supprimée par la Monarchie de Juillet du vivant de la plupart de ceux-ci (à savoir les cinq fils du 1er Prince à la suite du décès de ce dernier seul encore sous la Restauration). Dès lors, le titre de duc-pair n’a pas été enregistré et la Maison de Béthune n’a pas fait son entrée dans la Chambre des Pairs, le nouvel ordre constitutionnel ayant rendu caduques par le fait du prince, et non par manquement des bénéficiaires, les décisions de la Restauration qui n’étaient pas encore entièrement satisfaites.

De multiples titres de courtoisie ont été portés surtout en France au XVIIIe siècle, outre celui de comte, principalement ceux de vicomte et de baron   sous lesquels certains membres ont bénéficié des Honneurs de la Cour.

Le titre personnel de chevalier a été porté par de nombreux membres de la Maison de Béthune sous l’Ancien Régime.

Très anciennement déjà, a été porté le titre d’écuyer qui distinguait les nobles dès le Moyen Âge de par la reconnaissance générale de leur qualité.

En ce qui concerne les titres féminins, c’est, dans l’ensemble, la pratique française qui est suivie, conformément à l’histoire de la Maison de Béthune. Les épouses portant le titre correspondant à celui de leur mari, princesse, marquise, comtesse. Les filles sont de fait et traditionnellement damoiselle suivant une pratique fréquente dans le nord du Royaume et aussi, selon les époques et les régions, dans les Pays-Bas et les autres parties du Saint-Empire (Junkfrau en allemand, Jonkvrouw en néerlandais).

D’autres titres ont été portés, jusqu’au XIXe siècle, les titres de terres dont divers membres de la Maison de Béthune étaient devenus détenteurs par succession. Les principaux figurent toujours dans la titulature du chef de nom et d’armes.

 

Qualifications

Comme il était de coutume sous l’Ancien Régime et très longtemps auparavant, des prédicats divers distinguaient les nobles suivant leur rang et leur importance personnelle dans la société, comme « Messire ». Celle de « Noble et Puissant Seigneur » appliquée dès la première moitié du XVIe siècle à Michel des Plancques, premier ancêtre certain, indique une position assez élevée. Celle notamment du 1er Prince de Béthune, à la fin du XVIIIe, « Très Haut et Très Puissant Seigneur Monseigneur » s’est perpétuée en partie.

Le Roi de France a qualifié le Prince de Béthune Hesdigneul de « Notre très cher et amé Cousin ».

Les qualifications de seigneur furent très nombreuses en raison des seigneuries et terres possédées par les divers membres de la Maison de Béthune (voir Terres)

Constat en guise de conclusion sur les titres

La tradition propre à une grande Maison fort ancienne, qui ne doit en définitive qu’une partie seulement de ses distinctions nobiliaires aux pouvoirs souverains, l’autorise à porter la plupart de ces divers titres et qualifications dans la ligne de sa propre coutume multiséculaire. Celle-ci s’est développée et maintenue tout au long d’une époque où, sauf ceux de duc et de prince, les titres étaient portés librement en France, son pays d’origine et son attache principale, et cela tout particulièrement dans ces maisons avant les systèmes rigides instaurés au début du XIXe siècle. Cette pratique a inspiré d’ailleurs la position tout-à-fait neutre de l’ANF en matière de titres de noblesse.

[1] Voir notamment le descriptif de l’enregistrement du diplôme sur les registres de l’Élection d’Artois (AD62 3C10).